LITURGIE du DIMANCHE
commentaire sur la Parole
Je
suis la lumière du monde. |
Préparation
• Couleur liturgique: En ce dimanche Laetare, on peut porter la chasuble
rose.
• Les lectures du jour: Lectionnaire dominical et festif Année A.
• Préface: Propre du 4e dimanche du Carême.
L’aveugle-né et le Christ, lumière du monde.
En ce dimanche, si l’on célèbre les scrutins qui préparent au baptême
des adultes, on peut utiliser les oraisons rituelles et le souligner dans
la Prière eucharistique.
• En carême, on ne dispose pas de fleurs sur l’autel sauf pour le dimanche
Laetare, les solennités et les fêtes. Plutôt que de les mettre sur l’autel,
on les dépose autour de l’autel. En ce quatrième dimanche, les fleurs
sont un motif de joie et de fête. Le chant d’entrée invitant à chanter
avec Jérusalem pour la consolation qui lui vient du salut de son Seigneur.
• Musique et chants: En ce quatrième dimanche, le choix des chants tient
compte du thème de la lumière. À l’entrée, on pourrait accompagner l’Évangéliaire
qui est porté en procession, avec des lampes (avec un chant approprié
à ce moment rituel) et les reprendre au moment de la proclamation de l’Évangile
en se plaçant près de l’ambon.
Thème liturgique
Le Carême a commencé avec la présentation de la situation de l’homme,
reflétée dans le récit des tentations (premier dimanche). Elle se poursuit
avec la proposition de la fin dernière, la résurrection de l’homme, et
la manière d’y parvenir, l’écoute du Christ (épisode de la transfiguration:
deuxième dimanche). Puis nous avons vu le dialogue avec la samaritaine:
à travers les titres christologiques (Seigneur, Prophète, Messie, Sauveur).
L’Évangéliste a présenté un itinéraire baptismal en réfléchissant sur
le thème de l’eau-Esprit, du culte dans la vie, de l’écoute de la Parole
qui est le Christ (troisième dimanche).
Avec le texte de Jn 9,1-41, le parcours baptismal du Carême continue avec
trois thèmes de fond: le Christ-lumière qui donne la capacité de «voir-croire»,
le croyant appelé à rendre compte de son espérance à quiconque le lui
demande, le croyant qui n’est pas accueilli et qui reste seul avec le
Christ.
Dans le monde biblique, la cécité n’était pas seulement une souffrance
anthropologique, elle était aussi spirituelle. La culture hébraïque avait
élaboré une forme de protection pour le non-voyant. La malédiction du
Deutéronome à l’endroit de celui qui fait dévier le chemin de l’aveugle,
est connue: «Maudit qui fait perdre son chemin à l’aveugle! Tout le peuple
dira : “Amen”! (Dt 27,18). Toutefois, du temps de Jésus, un soupçon particulier
existait envers l’aveugle: puisqu’il ne pouvait pas lire, il ne pouvait
pas étudier la Torah. Sa foi n’était donc pas soutenue par la Parole.
Par conséquent, on le considérait comme une personne «peu croyante». Il
s’ensuivait que l’aveugle, étant peu croyant, était considéré comme puni
par Dieu. Donc, le miracle que Jésus accomplit est une guérison et plus
encore: c’est le pardon des péchés et le don de la foi. Jésus précise
que le miracle est fondamentalement un geste qui manifeste «les œuvres
de Dieu» (la miséricorde et la bonté salvifique de Dieu envers l’humanité).
L’Église des Pères a lu le texte de Jean 9. 1-41 pour sa valeur baptismale.
Il y a des éléments qui portent à cette lecture. Jésus «oint» les yeux
de l’aveugle avec la boue. Jésus envoie l’aveugle «se laver» à la piscine
de «Siloé». Nous savons que dans l’Église naissante l’«onction» indique
le don de l’Esprit, que «piscine» (bain) est un des noms du baptême et
que «Siloé» est un participe de l’araméen «salàh-envoyé». En traduisant,
Jésus a donné l’Esprit à l’aveugle et l’a envoyé se faire baptiser dans
le baptistère de l’«Envoyé-Jésus». En effet, saint Augustin écrit: «L’aveugle
se lave les yeux (se laver= être baptisé) dans cette piscine qui est interprétée
“celui qui a été envoyé” (le nom de la piscine, Siloé, signifiait «celui
qui avait été envoyé=le Christ Jésus est l’envoyé du Père): l’aveugle
fut baptisé dans le Christ».
Le Lectionnaire
• Première lecture: 1 S 16,1b.4.6-7.10-13
• Psaume: 22(23), 1-6
Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien.
• Deuxième lecture: Ep 5,8-14
• Évangile: Jn 9, 1-41
L’Évangile
La liturgie ajoute l’habituel incipit «En ce temps-là, Jésus» au texte
originel de l’Évangile. La narration est faite en différentes scènes.
Dans la première, il y a le dialogue entre Jésus et ses disciples. La
réponse de Jésus à la demande des disciples n’admet pas de réplique: dans
la souffrance, il n’y a pas de punition de Dieu. Puis vient la narration
du miracle présenté en quelques traits.
Après avoir fait un peu de boue, Jésus «étendit (oindre) la boue sur les
yeux de l’aveugle et lui dit: “Va te laver dans la piscine de Siloé (qui
signifie Envoyé)”. L’aveugle y alla donc, il se lava; quand il revint,
il voyait» (Jn 9,5). De plus, nous savons que pour la théologie johannique
«voir» équivaut souvent à «croire» (cf. Jn 20,8: «C’est alors qu’entra
l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et
il crut». Cette finesse stylistique-narrative justifie le dialogue entre
Jésus et l’aveugle guéri chassé de la synagogue (comme les Juifs convertis
au Christ à l’époque où l’Évangile de Jean était écrit): «“Crois-tu au
Fils de l’Homme? Et qui estil, Seigneur, pour que je croie en lui? “Tu
le vois, c’est lui qui te parle”. “Je crois, Seigneur!”».
Nous savons que Jean a un style typique pour narrer le passé (épisode
de la vie historique de Jésus) et d’illustrer en même temps, (la situation
contemporaine de l’Évangélise qui écrit). Dans la citation, il n’y a pas
seulement ce qui est arrivé à l’aveugle; elle cache aussi la pratique
baptismale de l’Église johannique: onction, fontaine baptismale (piscine),
dans le Christ Jésus – Envoyé – confession de foi (il revint et il voyait).
La troisième scène narre la première confession du miraculé devant ses
voisins et ceux qui l’avaient observé auparavant comme aveugle. Dans la
quatrième scène, nous trouvons la deuxième confession de l’aveugle miraculé
devant les pharisiens. Le croyant est prêt à répondre à quiconque lui
demande de «rendre raison de l’espérance qui est en lui» (cf. 1 P 3,15).
C’est le comportement de l’aveugle guéri devant la menace et la pression
psychologique à laquelle il est soumis. Immédiatement après, nous lisons
l’interrogatoire des parents ainsi qu’un nouvel interrogatoire du miraculé.
La septième scène raconte l’expulsion de l’aveugle guéri, de la synagogue.
Ces épisodes parlaient très sérieusement aux lecteurs de l’Évangile de
Jean. Les mésaventures de l’aveugle guéri sont celles des chrétiens de
la communauté johannique. Jésus avait prophétisé que, pour le disciple,
il y aurait possibilité de trahison des parents (cf. Lc 21,16: «Vous serez
livrés même par vos parents») et chassés des synagogues (cf. Jn 16,2:
«On vous exclura des assemblées»).
Le sommet du récit se trouve dans l’ultime scène où Jésus rencontre l’aveugle
guéri. Dans un dialogue sobre et direct, le miraculé fait sa confession
de foi en Jésus: «Je crois, Seigneur!». Son expérience profonde le porte
à situer au deuxième plan l’abandon des personnes chères et l’expulsion
de la synagogue. Il a trouvé le vrai trésor.
La première lecture
La narration de l’onction royale de David de la part de Samuel (1,1S 16,
1b.4.67.10-13) effleure délicatement le thème baptismal («Il lui donna
l’onction au milieu de ses frères»), reprise par l’Évangile («il appliqua
la boue sur les yeux de l’aveugle»). Cependant, tout le passage est centré
sur le contraste entre les sept fils de Jessé et le «plus jeune», David.
Le critère avec lequel Dieu choisit les «siens» n’est pas un critère humain:
«les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur».
La deuxième lecture
Le texte d’Éphésiens 5,8-14 est un passage qui appartient à la deuxième
partie de la lettre où l’écrivain sacré exhorte et motive le témoignage
chrétien qui se situe en antithèse nette avec le style de vie païen. Notre
texte illustre cette opposition avec l’image de la lumière et des ténèbres.
Le style baptismal et la claire allusion au sacrement («Réveille-toi,
ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts et le Christ t’illuminera»)
ont poussé la liturgie à choisir le texte pour lier fortement le baptême
de Jésus au baptême des croyants ainsi que pour montrer quel type de vie
dérive du baptême même.